Plage de Suscinio

Plage de Suscinio

  • Nom : Plage de Suscinio
  • Commune : Sarzeau
  • Longueur : 5 km
  • Granulométrie moyenne : Sable fin/moyen
  • Haut de plage : Dune végétalisée basse à haute, digue promenade

 

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Nous poursuivons notre chemin et atteignons la plus grande plage du département située à l’Est du golfe du Morbihan : la plage de Suscinio. Longue de plus de 5 kilomètres, elle se divise en 4 secteurs portant des noms bien distincts, d’Ouest en Est : Beg Lann, Suscinio, Landrezac et Penvins. De forme concave, le profil de la plage varie fortement selon les secteurs. Tantôt à pente faible aux extrémités, tantôt à pente moyenne voire forte dans les secteurs plus centraux. La grande majorité du site est surmontée par une dune végétalisée assez basse mais relativement large. Seule la partie Est de la plage, Penvins, présente un haut de plage artificiel sous forme d’une digue promenade et de parkings ainsi que la partie de dune la plus haute.

Photo aérienne de la plage de Suscinio vue depuis Beg Lann (source : LGO 2019)

De part et d’autre du village de Landrezac, partie centrale de la plage, se trouvent des marais arrières dunaires conséquents. Ceux situés à l’Ouest du village sont appelés marais de Suscinio et sont classés zone ENS (Espace Naturel Sensible), ils sont également protégés au titre d’espace Natura 2000. Gérés par le Conseil Départemental du Morbihan, ces milieux naturels ont fait l’objet d’un plan de restauration en 2016. Les niveaux d’eau y fluctuent naturellement permettant ainsi à ces marais de jouer pleinement leurs rôles de zones tampons entre la mer et l’intérieur des terres. L’originalité qui découle de ce fonctionnement permet de faire cohabiter un nombre important d’espèces protégées. Les plus emblématiques et facilement observables sont les oiseaux. En effet, les lagunes de Suscinio jouent un rôle essentiel pour les oiseaux nicheurs qui y trouvent logis et couvert depuis la création d’îlots. Enfin, les parkings et voies de circulation ont été pensés pour occasionner le moins de perturbations possibles. Un sentier longe la totalité de la lagune et vous permettra de les observer sans les déranger. (fiche des marais de Suscinio)

Photo aérienne des marais et du château de Suscinio (source : LGO 2019)

En partant de l’Ouest et avant d’arriver au village de Landrezac, vous apercevrez le château de Suscinio. Datant du 13ème siècle, les premières pierres de l’édifice furent posées sous les ordres de Pierre de Dreux dit Pierre 1er de Bretagne, alors Duc de Bretagne. Ce qui s’apparente plus à un relais de chasse au milieu d’un vaste domaine sera, par la suite, amélioré par les descendants du Duc. A l’époque, le château mêlait architecture défensive (courtine, chemin de ronde, pont-levis, meurtrières, mâchicoulis) et environnements liés à la plaisance, car il était entouré d’un vaste parc dédié à la chasse aristocratique.

C’est au milieu du 15ème siècle que le château de Suscinio arborera une apparence très proche de son aspect actuel. À partir de 1532, le château de Suscinio passe aux mains de la royauté. Après la lignée des Dreux de nombreux propriétaires vont se succéder au fil des siècles, tels que Diane de Poitiers, Catherine de Médicis ou Anne de Bretagne… Malheureusement, après cette période d’évolution, la bâtisse sera petit à petit délaissée par les différents propriétaires. Ce n’est qu’au 19ème siècle que Prosper Mérimée fera classer le bâtiment sur la première liste des monuments historiques. Le département du Morbihan en fera l’acquisition en 1965 et lancera rapidement des travaux de réfections et ce jusqu’à aujourd’hui. Si vous souhaitez en savoir plus à propos du château, cliquez ici, ou mieux, allez le visiter.

Nous quittons le château de Suscinio, résidence des ducs de Bretagne pour revenir sur la plage située à quelques pas du monument. Suivi depuis 2010 par le Laboratoire Géosciences Océan, la plage de Suscinio est le plus ancien site étudié régulièrement par le LGO. Plusieurs profils topographiques y sont réalisés chaque mois et plusieurs campagnes de mesure des forces hydrodynamiques (courant, houle et marée) y ont été menées. A ce titre, il fait partie du réseau DYNALIT, réseau d’observation qui vise sur le long terme à acquérir, collecter et mettre en cohérence des données métrologiques de qualité sur l’évolution du littoral. Ce réseau a été pensé et organisé afin de nourrir à la fois la recherche académique et les stratégies de gestion du Trait de côte. Ce site est également un lieu d’exercice pour les élèves de Licence et de Master de l’Université de Bretagne Sud. Ils viennent y découvrir le fonctionnement global d’une plage ainsi que différents appareils et techniques de mesures.

Photo de la plage de Suscinio prise pendant un relevé topographique effectué en 2018 (source : LGO 2018)

En se dirigeant un peu plus à l’Est, nous atteignons la partie de la plage appartenant au village de Penvins. La partie naturelle du haut de plage de ce secteur a été, par le passé, fortement érodée. C’est sur cette partie de la plage que sera testé pour la première fois en 2014 le système AlgoBox®. Pour rappel, ce procédé, développé par le LGO, utilise des casiers de ganivelles installés en pieds de dune ainsi que les échouages d’algues locaux pour régénérer une dune embryonnaire (plus d’informations ici). Les AlgoBox® ont permis de régénérer le pied de dune, multipliant par quatre les espèces végétales présentes.

Évolution de la plage de Suscinio entre 1952 et 2016 (Source : IGN)

 

C’est de ce premier test qu’est né l’OCLM (Observatoire Citoyen du Littoral Morbihannais). En effet, pour suivre l’évolution des AlgoBox®, des observations régulières et rapprochées dans le temps étaient nécessaires. L’idée de confier ces observations à des bénévoles est alors apparue et la première collaboration avec l’association RIEM s’est naturellement engagée. En 2016, la commune de Sarzeau est devenue autonome quant à la gestion des AlgoBox®. Cependant, l’aventure ne faisait que commencer pour l’OCLM. Cet observatoire né en 2015, a fait ces premiers pas après l’installation d’AlgoBox® sur le site de Kerjouanno précédemment visité. Le même principe de suivi par les bénévoles a été maintenu par l’association RIEM avec le soutien du Conseil Départemental du Morbihan. Ces trois organismes (RIEM, CD56 et LGO) sont alors devenus partenaires et ont créé l’OCLM.

Photo de la mise en place des PREMIERS AlgoBox® sur la plage de Penvins en 2014 (source : LGO 2014)
Photo de l’évolution des AlgoBox® sur la plage de Penvins en 2015 (source : LGO 2015)

En passant les AlgoBox® nous arrivons sur une digue promenade. Au loin, nous pouvons apercevoir une chapelle isolée sur la pointe de Penvins : la Chapelle Notre-Dame-de-la-Côte. Si l’édifice actuel date de la fin du 19ème siècle de nombreux mystères planent sur le passé de ce lieu intriguant. Une chapelle plus rudimentaire y aurait pris place avant le 17ème siècle. De plus, des indices laissent penser à une occupation plus anciennes du lieu, par les Vénètes, mais également au néolithique. Résistant sans cesse aux éléments, ce lieu a dû faire face à de nombreuses agressions. Des vikings jusqu’aux anglais, la chapelle fut à maintes reprise menacée. Lors de la seconde guerre mondiale la chapelle évite de justesse la destruction. A l’époque, les Nazis détruisaient tout édifice susceptible de servir de point de repère à la navigation. C’est l’abbé Buquen, vicaire de Penvins, qui, par son acharnement, réussit à sauver la bâtisse. Aujourd’hui, de nombreuses hypothèses restent encore en suspens et le mystère perdure autour de la Chapelle Notre-Dame-de-la-Côte.

Photo du lever du soleil sur la pointe de Penvins, au centre, la Chapelle Notre-Dame-de-la-Côte (source : LGO 2019)

Notre balade le long de la plage de Suscinio s’achève dans cette atmosphère mystique qui entoure la pointe de Penvins. Notre visite des côtes du Morbihan approche de son terme. Notre prochain arrêt sera le dernier. Arriverez-vous à deviner le lieu de notre prochaine et dernière destination ? D’ici là, n’hésitez pas à commenter et partager vos expériences sur cette plage. Vous pouvez également lire ou relire les articles précédents ici.

 

Une petite recommandation avant de se quitter. Pendant la période de confinement liée au Covid-19, de nombreuses espèces d’oiseaux ont, comme à leur habitude, profité du printemps pour établir leurs nids. Certaines espèces nichent uniquement en bord de côte sur le haut de plage à même le sable, ou sur les sentiers littoraux. Déjà menacés par nos activités, ils le sont d’autant plus aujourd’hui. En effet, notre absence pendant près de deux mois leurs a permis de nicher sur des étendues plus vastes qu’à l’accoutumé, les plages et sentiers côtiers étant vides. Parmi ces espèces, on peut citer le Gravelot à collier interrompu ainsi que la Sterne naine qui sont tous deux menacés de disparaitre. La plage de Suscinio voit souvent nicher certaines de ces espèces sur son haut de plage. Afin de préserver au maximum ces petits volatiles nous vous donnons quelques conseils :

  • Vérifiez que l’accès du site du littoral où vous comptez vous rendre est autorisé
  • Restez sur les sentiers balisés et habituels
  • Gagnez le plus rapidement possible le fil de l’eau pour mener vos activités sportives ou récréatives et restez au plus proche de l’eau
  • Éviter au maximum de fréquenter le haut de plage, les dunes de sable ou végétalisées en arrière littoral, lors de vos parcours vers les stationnements
  • Si vous voyez un oiseau posé au sol qui vous semble blessé ou pousse des cris répétés, éloignez-vous au plus vite car il s’agit d’une manœuvre destinée à vous éloigner du nid ou une alarme indiquant la présence d’un nid ou de poussins
  • Respectez les zones balisées avec une signalétique adaptée à l’opération
  • Pour en savoir plus, rendez-vous sur conservatoire-du-littoral.fr qui apportera des données sur les espèces d’oiseaux et sur leurs « modes de vie », pour sensibiliser le grand public, les promeneurs, et usagers du littoral.

A très vite et n’oubliez pas, restez prudent !

L’équipe de l’OCLM