Le littoral morbihannais et les risques côtiers
De l'embouchure de la Laïta au Nord jusqu'à Pénestin au Sud, le littoral morbihannais présente une large diversité d'environnements sur environ 850 kilomètres de long ponctués d'espaces emblématiques tels que la Rade de Lorient, la ria d'Etel, la presqu'île de Quiberon, le Golfe du Morbihan, la baie de Vilaine ou encore les nombreuses îles. Ces lieux constituent des espaces exceptionnels devenus des références touristiques qui attirent chaque année de nombreux visiteurs dans le département. La côte morbihannaise, sculptée par la remontée du niveau marin depuis 20 000 ans est aujourd'hui une véritable mosaïque de paysages littoraux : marais, dunes, estuaires, ria ou encore falaises de granites ou de migmatiques. Avec environ 200 km de côtes sédimentaires (plages de sables et de galais ainsi que les marais), 400 km de côtes à falaises (meubles et dures) et de 250 km de côtes artificielles (ouvrages divers). Chaque type de côte évolue selon une dynamique qui lui est propre.
Les côtes sédimentaires et notamment les côtes sableuses sont par définition mobiles. Sur le court terme, elles alternent, selon un processus naturel, entre des phases d’érosion hivernales et un engraissement estival. Sur le long terme, certaines côtes sableuses montrent cependant une tendance à l’érosion tandis que d’autres enregistrent un phénomène inverse, c’est-à-dire une progression de la terre sur la mer (accrétion).
Les côtes à falaises sont par définition des côtes d’érosion. Celle-ci est irréversible et progresse de manière variable selon le type de roches : très lente pour les côtes granitiques, de l’ordre de quelques millimètres par an et beaucoup plus rapide pour les falaises meubles avec des reculs pouvant dépasser le mètre après une tempête. Ce recul s'opère souvent par l’action conjointe de processus marins et continentaux (exemple : la mer attaque la base d’une falaise et le ruissellement sa partie supérieure).
Les côtes artificielles correspondent à des ouvrages de défense côtière, des aménagements littoraux divers, ou des digues de polder. Ces constructions peuvent dans certains cas avoir des effets perturbateurs sur le fonctionnement naturel des littoraux adjacents, notamment lorsqu’elles modifient les transferts des sédiments par les courants côtiers. Les ouvrages supposent aussi une surveillance constante pour vérifier leur état, ainsi qu’un entretien régulier.
Si dans la période interglaciaire actuelle le niveau de la mer est resté à peu près stable depuis environ 6.000 ans, le début de l’ère industrielle accompagné du réchauffement climatique général lié aux activités humaines a amorcé une nouvelle hausse du niveau marin. Les océans se dilatent, tandis que les glaciers de montagne et les calottes polaires fondent. Le niveau moyen de la mer s’est ainsi élevé d’environ 20 cm à l’échelle du globe depuis la fin du XIXème siècle. En Bretagne, mesuré par le marégraphe de Brest, le niveau de la mer a augmenté de 30 cm en 300 ans et cette élévation tend à s’accélérer. Elle était de 0,88 mm/an au début du XVIIe siècle et pourrait atteindre 4mm/an selon le rapport du GIEC sur les océans et la cryosphère.
Malgré des incertitudes sur son ampleur et sa vitesse, la poursuite de l’élévation du niveau de la mer est inéluctable et ce, même si les émissions de GES cessaient aujourd’hui (phénomène d’inertie du système climatique). En l’absence de mesures d’adaptation, cette élévation entraînera inévitablement des submersions marines plus fréquentes et plus intenses lors des tempêtes au cours des prochaines décennies. Le recul du Trait de côte, notamment des plages sableuses, sera également favorisé.
Phénomène naturel et récurrent (le niveau des mers a toujours varié lors des temps géologiques en fonction des périodes glaciaires et interglaciaires), ce recul pose aujourd'hui problème puisque les sociétés humaines se sont fixées à proximité immédiate de la limite entre la terre et la mer. Ainsi, si les enjeux positionnés sur les côtes à falaises dures et surélevées sont relativement à l'abri des phénomènes d'érosion et de submersion, ceux situés au contact des plages, falaises meubles et zones basses du département, sont aujourd'hui menacées par la remontée du niveau marin.
Le BRGM propose un outil de visualisation des zones exposées à l’élévation du niveau de la mer. Dans le Morbihan, les zones vulnérables sont essentiellement situées dans le Golfe du Morbihan et dans la Ria d’Etel. Les cordons dunaires de Quiberon et de Gâvres sont également des zones sensibles qui sont aujourd’hui observées par l’observatoire au travers de différents suivis.
Face à cette situation, les collectivités locales du territoire ont initié des stratégies locales de gestion du trait de côte et engagent des réflexions globales sur l’avenir des territoires littoraux. Ces stratégies reposent sur des données scientifiques produites par différents organismes de recherche (Université, CEREMA, BRGM, etc.) mais également sur une sensibilisation des citoyens et citoyennes sur les enjeux associés à ces problématiques. C’est dans ce cadre que s’implique largement l’Observatoire Citoyen du Littoral Morbihannais grâce aux nombreux suivis menés partout sur le territoire.
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