Plage du Fogeo
- Nom : Plage de Kerjouanno ou plage du Fogeo
- Commune : Arzon
- Longueur : 1500 m
- Granulométrie moyenne : Sable moyen à fin dans la partie Est, plus grossier dans la partie Ouest
- Haut de plage : Dune végétalisée bien développée, arrière-dune composé d’un espace vert artificiel et fortement urbanisé
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Pour le dix-septième arrêt de la visite virtuelle du littoral morbihannais, nous faisons une halte sur la plage du Fogeo, aussi appelée plage de Kerjouanno. Cette plage ayant une histoire particulière avec l’Observatoire Citoyen du Littoral Morbihannais, elle fera l’objet de deux articles.
Dans le premier, nous aborderons les recherches scientifiques menées par le Laboratoire Géosciences Océan (LGO) de l’Université Bretagne Sud en son sein. Dans le second, nous parlerons des aménagements qui ont conduit à en faire la première plage à accueillir l’OCLM dans le cadre de sciences participatives. Ce site, classé Espace Naturel Sensible (ENS), est géré par le Conseil Départemental du Morbihan (CD56). Située dans le quartier de Kerjouanno à Arzon, la plage longue d’environ 1,5 km, est encadrée par deux pointes rocheuses.
A l’Ouest, la pointe du Petit Mont abrite un Cairn éponyme qui sépare la plage du Fogeo du port du Crouesty. Ce dernier est le plus important port de plaisance de Bretagne avec plus de 1500 places à flots et sur pontons.
Le Cairn du Petit Mont est un site mégalithique très imposant qui domine à la fois l’Océan Atlantique et le Golfe du Morbihan. D’après le site officiel du Cairn, il permet de « comprendre notre Histoire depuis les premiers temps car le site fut utilisé par les hommes du Néolithique, puis durant l’époque gallo-romaine, et enfin durant la Seconde Guerre mondiale comme lieu stratégique ». Les passionnés d’Histoire pourront y apprendre plus sur les activités humaines au cours des 6000 années passées.
A l’Est, la pointe rocheuse de Kerjouanno marque la délimitation entre la plage du Fogeo et la plage de Kerver. Y sont bâti les Remparts de Kerjouanno qui servent aujourd’hui de chambres d’hôtes.
Suivie depuis 2009 la plage du Fogeo constitue, avec ses voisines de Kerver, des Govelins et de Suscinio, le « laboratoire à ciel ouvert » du LGO. En effet, des suivis à hautes fréquences ont été instaurés sur la partie méridionale de la Presqu’île de Rhuys et les données recueillies en plus de 10 ans ont permis d’engranger de nombreuses connaissances scientifiques.
La plage du Fogeo s’inscrit dans un environnement fortement aménagé et urbanisé : de nombreux bâtiments sont édifiés autour de la zone basse arrière dunaire où un espace de promenades et de loisirs est érigé. Nous y reviendrons dans le deuxième article consacré à ce site. Le cordon dunaire présente dans sa partie centrale une largeur maximale de 200 m.
Le volume du cordon dunaire de la plage de Fogeo a été calculé à partir de mesures topographiques transversales depuis le niveau des Basses Mers de Vives Eaux (BMVE) jusqu’à sa limite visible en arrière-dune, avec un plancher de référence fixé à -3 m d’altitude. Cette méthode de calcul donne un ordre de grandeur du volume de sédiment de 957 000 m3.
Les domaines intertidal et supratidal de la plage du Fogeo possèdent de fortes pentes, qui s’accentuent d’Ouest en Est. Le domaine supratidal est le domaine qui n’est jamais recouvert par la mer. Il s’étend du niveau des Pleines Mers de Vives Eaux (PMVE) et au delà. Le domaine intertidal est le domaine qui est susceptible d’être recouvert et découvert par la mer. Il est compris entre les niveaux des PMVE et des BMVE. Le domaine infratidal est le domaine qui est toujours couvert par la mer. Il couvre le niveau des BMVE et en deçà.
La dune de la plage du Fogeo n’est pas uniforme. Sa partie occidentale est relativement basse (2 mètres) et présente une forte rupture de pente qui témoigne d’une dynamique érosive. Elle est protégée par un enrochement nu et des aménagements de protection plus légers qui sont épisodiquement sapées par les vagues et détériorées. Dans sa partie centrale, la pente du front dunaire s’adoucit et sa hauteur augmente. Le couvert végétal se densifie. Les ganivelles sont moins impactés par les vagues et permettent d’amplifier la rétention de sable. Dans sa partie orientale, la hauteur du front dunaire atteint 10 mètres puis diminue sans présenter de signes d’érosion. Cela indique un transport sédimentaire global orienté vers l’Est.
Les sédiments de la partie occidentale de la plage sont des sables grossiers à très grossiers, mal triés. Il est fréquent d’y observer des barres de swash d’environ 20 cm de hauteur. Les sédiments sont plus fins dans la partie orientale.
De nombreuses expérimentations ont été réalisées sur les plages de poche de la presqu’île de Rhuys depuis 2009. Elles ont défini les facteurs morphodynamiques principaux à l’origine des transferts sédimentaires observés.
Les transferts sédimentaires longitudinaux, c’est-à-dire parallèles au Trait de côte, sont dominés par l’action du vent. Son orientation et son intensité locale génèrent des transports éoliens de sédiments ainsi que des ondes de courtes périodes dont le déferlement oblique par rapport à la côte crée une dérive littorale. Ces transferts de matière sont effectifs lorsque le vent dépasse la valeur seuil calculée de façon empirique de 4 m/s.
Les transferts sédimentaires transversaux, c’est-à-dire perpendiculaire au trait de côte, sont généralement impulsés par des agitations de longues périodes. Dans ce cas, le transport sédimentaire s’effectue de la côte vers le large. En effet, le déferlement des vagues génère un courant de retour qui compense l’avancée de l’eau sur la plage. Ce courant est d’autant plus important que les vagues sont hautes. Par conséquent, lors de conditions énergétiques, les sédiments les plus fins sont expulsée en direction du large, vers une zone de bas fond où ils pourront être remobilisé lors de conditions de mer plus calmes. Dans le cas contraire, par des temps plus calmes, le matériau est ramené en direction du haut de plage.
La structure géologique des platiers rocheux conditionne la morphodynamique de la plage en amplifiant ou en diminuant les courants ou encore en bloquant des stocks de sédiments plus ou moins importants.
Le Marnage sur la plage de Kerjouanno est de type mésotidal, c’est-à-dire compris entre 2 et 4 mètres. Il est à l’origine de niveaux d’eau variables au-dessus des roches qui génèrent de la diffraction des ondes de houle et induisent des déferlements de vagues différents en fonction des marées. La diffraction des vagues correspond à la courbure des fronts d’onde autour d’un obstacle vertical à bord libre. Elle modifie la propagation de la houle dans toutes les directions. C’est un phénomène commun le long des ouvrages portuaires tels que les digues : un changement de direction de la houle est observé à l’arrière d’un obstacle.
La plage de Kerjouanno étant de forme concave, elle possède de multiples orientations. Le front dunaire se comporte donc de façon différente face aux évènements tempétueux selon les portions de plage. Le secteur Est est globalement dominé par l’accrétion (marine et éolienne) et la partie Ouest par l’érosion et la dégradation des ganivelles.
La partie Ouest de la plage subit donc une érosion plus marquée, notamment lors des évènements énergétiques, comme les tempêtes durant lesquelles les aménagements de protection dunaires sont régulièrement sapées. Cela s’explique par une accumulation de facteurs dont voici une liste non exhaustive :
- La pointe rocheuse Ouest est à l’origine d’un phénomène de diffraction des houles en provenance de l’Ouest et du Sud. Cela couplé à l’angle d’incidence des vagues crée une dérive littorale d’Ouest en Est qui amaigri la partie Ouest et renfloue la partie Est
- Le vent dominant provient de l’Ouest et génère une déflation éolienne à l’origine d’un transport sédimentaire orienté d’Ouest en Est sur la partie haute de la plage
- La plage de forme légèrement concave et orientée Sud Sud-Ouest, est protégée dans sa partie Est par des platiers rocheux du large et du domaine infratidal
- Afin de la protéger, des enrochements furent installés dans la partie Ouest, fragilisant alors un peu plus la dune en favorisant l’infiltration de l’eau lors de conditions énergétiques et lors de l’écoulement des eaux de pluie
- C’est la partie la moins végétalisée car la mer la recouvre lors des coefficients importants empêchant ainsi la flore de se fixer et de coloniser de manière pérenne la dune
La différence Ouest/Est de répartition de l’énergie de la houle se traduit en termes de granulométrie. En effet, on constate que le grain moyen des sédiments de la partie Ouest de la plage est supérieur à celui de la partie Est, en particulier après le passage de conditions météo-marines significatives.
L’érosion de la partie Ouest de la plage du Fogeo est susceptible de mettre en danger les infrastructures humaines situés en arrière-dune, notamment le centre de voile « Le Spot Nautique » dont la dune constitue la dernière protection face à l’assaut des tempêtes. Leur rampe d’accès à la plage est détruite chaque hiver.
C’est ainsi que se termine la première partie de la visite de la plage du Fogeo. En espérant que vous avez passé un bon moment lors de la lecture de cet article, nous vous invitons à poursuivre l’aventure à nos côtés pour la suite ! Vous pouvez bien sur réagir, partager vos expériences ou poser une question via les réseaux sociaux et notre site internet. Nous vous invitons également à partager nos articles avec vos proches et autour de vous.
A très vite et n’oubliez pas, restez prudents !
L’équipe de l’OCLM
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