Plage du Fogeo
- Nom : Plage de Kerjouanno ou plage du Fogeo
- Commune : Arzon, quartier de Kerjouanno
- Longueur : 1500 m
- Granulométrie moyenne : Sable moyen à fin dans la partie Est, plus grossier dans la partie Ouest
- Haut de plage : Dune végétalisée bien développée, arrière-dune composé d’un espace vert artificiel et fortement urbanisé
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Nous voici de retour sur la plage du Fogeo, aussi appelée plage de Kerjouanno. Après un premier article dans lequel nous avons abordé les recherches scientifiques menées par le Laboratoire Géosciences Océan (LGO) de l’Université Bretagne Sud sur ce site, nous parlerons aujourd’hui des aménagements qui ont conduit à en faire la première plage à accueillir l’OCLM dans le cadre de sciences participatives.
La plage de Kejouanno est composée d’un cordon dunaire qui s’étend de la pointe rocheuse du Petit Mont à l’Ouest, à celle de Kerjouanno à l’Est. En son centre, le cordon dunaire atteint une largeur maximale d’environ 200 m. Le massif dunaire est directement adossé à la roche à ses extrémités.
Dès les années 2000, le taux de résidence secondaire à Arzon est très élevé. En 2020, il atteint 79,5%, c’est le plus élevé du Morbihan. La commune compte 2000 habitants permanents et sa population s’élève à plus de 45000 personnes en période estivale avec les résidents secondaires. Cette plage de pente intermédiaire à forte, subit donc une pression touristique très importante en été.
Depuis 2009, la plage du Fogeo et ses voisines de Kerver, des Govelins et de Suscinio, sont le « laboratoire à ciel ouvert » du LGO, qui y réalise des suivis à hautes fréquences. Les données recueillies en plus de 10 ans ont permis d’engranger de nombreuses connaissances scientifiques et de retracer leurs évolutions temporelles.
La plage du Fogeo a beaucoup évolué au cours des derniers millénaires. Des études ont montré qu’il y a plus de 4000 ans, la mer était en relation avec une « cuvette » située derrière l’actuel cordon dunaire de la plage.
On peut alors imaginer qu’il y a environ 4500 ans, on y trouvait une petite baie et des dunes de part et d’autre. Puis, en raison de l’apport sédimentaire par ruissellement dans l’ensemble de la baie et de la dérive littorale majeure agissant d’Ouest en Est, une flèche sableuse s’est développée sur la partie Ouest.
Progressivement, la flèche sableuse s’est étendue et a créé une lagune arrière dunaire. Les échanges d’eaux entre océan et lagune sont devenus de moins en moins importants et ont occasionné l’apparition d’une tourbière dans la mer intérieure. L’eau est devenue saumâtre et la végétation a évolué.
Depuis plusieurs siècles, la passe est fermée : les échanges d’eaux se sont progressivement réduits et la lagune est naturellement comblée de végétaux, pour devenir une zone marécageuse et humide.
La plage du Fogeo n’est pas un cas isolé des politiques d’aménagement. De nombreux hectares de zones humides ont malheureusement disparus au sein des communse avec l’urbanisation. Le port du Crouesty est lui aussi construit à l’emplacement d’un ancien marais qui possédait une configuration de baie fermée. Entre 1953 et 2016, Arzon est passée de 505 à 198 ha de zones humides, cela représente une perte nette de 60% de leur superficie (-307 ha).
Période 1952 – 1977
La période 1952-1977 est tout d’abord marquée par la création de l’étang du parc du Fogeo et d’un petit réseau de fossés au détriment d’une zone humide arrière dunaire de taille conséquente. On observe également une fermeture des milieux naturels sur tout le pourtour du secteur. Cette fermeture des milieux est notamment liée à la déprise agricole. Enfin, le développement du tourisme entraîne un début d’urbanisation aux abords du parc du Fogeo. La dune présente à cette époque une surface importante au centre du cordon dunaire.
Période 1977 – 1990
Dans le dernier quart du XXème siècle, la commune d’Arzon connait une forte urbanisation, et notamment dans l’ensemble du secteur du Fogeo. S’en accompagne l’essor d’un tourisme de masse accompagné du développement du parc du Fogeo et de l’ensemble des installations sportives. La dune est mise à rude épreuve lors de ces aménagements et connait un recul et une érosion importante. A cette époque, le système dunaire n’est pas identifié comme pouvant jouer un rôle dans la protection des risques de submersion et la fréquentation anarchique sur les dunes détruit la végétation qui contribue pourtant à son maintien. Ces deux facteurs cumulés accélèrent considérablement l’érosion dunaire et commencent à faire émerger des craintes pour la sécurité des habitants. La Loi Littoral visera à les préserver à partir de 1986.
En 1982, une étude mentionne une forte érosion et fait craindre pour la sécurité des habitations voisines. A cette époque, les Solutions Fondées sur la Nature (SNF) ne sont pas encore reconnues par manque d’expertise et de connaissances scientifiques à ce sujet. Des enrochements sont alors préconisés pour tenter de protéger le secteur. Nous savons désormais que bien qu’ayant un caractère rassurant, les protections littorales dites d’ingénierie côtière lourde (enrochements et bétonnage dans la majorité des cas) sont en réalité couteuses et demande beaucoup d’entretien sur le long terme. Certaines peuvent également avoir des effets négatifs non désirés, comme l’affouillement, qui causent une non-viabilité et peuvent avoir pour effet d’accélérer l’érosion localement ou de simplement déplacer le problème. Elles sont souvent peu écologiques et ne s’intègrent pas tout le temps au paysage.
Les années 1980 et 1990 voient également l’aménagement de nombreuses infrastructures arrière dunaires. La zone humide est alors partiellement comblée pour construire des infrastructures telles que le complexe de thalassothérapie en 1990.
Période 1991 – 2007
La période 1991-2007 est marquée par une forte érosion des milieux naturels de manière générale sur l’ensemble du secteur y compris la dune. Les tempêtes continuent à malmener cette dernière malgré les enrochements qui, contre toute attente, se révèlent accélérer le phénomène d’érosion en ravinant le cordon dunaire.
Période 2007 – 2012
Après les fortes tempêtes de l’hiver 2007-2008, un important recul de la dune sur l’ensemble de son linéaire est à déplorer. Le département du Morbihan propriétaire et gestionnaire du site, expérimente donc des méthodes « douces » de stabilisation de la dune afin de limiter son recul face à la montée des eaux marines.
Le secteur Sud-Est est doté de deux rangées de ganivelles qui sont désormais ensevelis sous le sable, ainsi que de plusieurs casiers en forme d’épis. Ces aménagements montrent une grande stabilité en pied de dune malgré les événements tempétueux hivernaux répété, les casiers de ganivelles ont pleinement joué leur rôle d’amortisseurs depuis 2008. Ceci témoigne du bon fonctionnement du système mis en place qui favorise l’accumulation des sédiments et permet à la végétation dunaire de se développer. Ces aménagements visent également à protéger les espèces rares qui s’y développent en limitant le piétinement.
De 2013 à aujourd’hui
En 2013, le département engage un partenariat avec l’UBS pour évaluer l’efficacité des dispositifs existants et tester de nouveaux aménagements expérimentaux.
Cette expérimentation va permettre aux gestionnaires du site de Kerjouanno de choisir la meilleure association d’aménagements : celle qui apportera une bonne protection et une régénération dunaire efficace, le tout en s’intégrant au paysage, en respectant au mieux l’environnement et en favorisant l’éco-ingénierie.
Après expertise et négociation entre le Laboratoire Géosciences Océan de l’Université Bretagne Sud et le Conseil Départemental du Morbihan, une décision commune est prise : le secteur Ouest fait l’objet d’une expérimentation d’AlgoBox®. Dans ce secteur, l’opération est délicate car la dune est fragilisée par les enrochements. Le système qui sera installé début juin 2013 a donc été renforcé à plusieurs reprises pour tenter de résister aux tempêtes.
Les AlgoBox®, que nous avons déjà abordé dans les articles sur Baluden et Kervillen, sont des casiers de ganivelles remplis d’algues lors des échouages importants qui ont généralement lieu en automne dans la région. Les AlgoBox® de Kerjouanno sont remplis lors des échouages d’algues rouges une fois par an. Ainsi, ils constituent un outil écologique pour la régénération des pieds de dunes, qui permet la re-végétalisation grâce à l’apport en matière organique provenant des algues qui constitue un engrais naturellement présent sur les plages où elles ne sont pas ramassées. De ce fait, les AlgoBox® pérennisent le maintien du stock sédimentaire en jouant un rôle capital dans le développement des végétaux qui coloniseront ensuite la dune. De plus, ils favorisent également le captage éolien du sable et jouent le rôle d’amortisseur naturel des vagues.
Depuis 2015, la plage et la dune du Fogeo sont suivis par l’Observatoire Citoyen du Littoral Morbihannais (OCLM). Cela permet d’obtenir des jeux de données plus conséquent et ainsi de permettre un suivi plus détaillé et de bonne qualité, mais aussi d’impliquer et de sensibiliser la population locale aux thématiques du suivi du Trait de côte, de l’évolution physique du littoral, sa gestion, son aménagement et les problèmes d’érosions.
Aujourd’hui, quatre aménagements sont présents sur le linéaire côtier de la plage de Kerjouanno : des enrochements, des tri-fils, des casiers de ganivelles et des AlgoBox®. Ils ont été installés et sont entretenus par le CD56. Ils permettent d’expérimenter et de suivre l’évolution de l’avant-dune afin de faire face aux problèmes d’érosions, de protection et de conservation de cette dune.
L’arrière-dune de la plage du Fogeo est désormais composé d’un parc partiellement arboré qui comprend des plans d’eau. On y trouve également des courts de tennis, des aires de jeux pour enfants, des espaces de pique-niques, des appartements destinés à la location, un hôtel thalasso et un club de voile.
Depuis 2016, le suivi de la plage est hebdomadaire. Grâce à un protocole simple mais pas simpliste, il est possible de comparer l’efficacité des différents aménagements du site de Kerjouanno. Le suivi est réalisé par les bénévoles de l’association RIEM (Réseau Initiative des Eco-explorateurs de la Mer) qui, chaque semaine, font l’acquisition des données. Le protocole rassemble des mesures de l’érosion verticale et du captage éolien du haut de plage, des suivis floraux des dunes et des prises de photos standardisées.
Depuis 2019, les jeunes citoyens des classes de CM1 /CM2 de l’école Éric Tabarly d’Arzon sont engagés dans un programme d’Aire Marine Educative (AME). Des actions de sensibilisation font intervenir des personnes extérieures pour leur apprendre dès le plus jeune âge comment comprendre et protéger une zone littorale de leur commune. La première année a permis d’aborder des sujets tels que : la biodiversité, la pollution, la Laisse de mer ou encore l’érosion.
En mars 2019 l’OCLM s’est investi dans ce projet d’AME en intervenant sur l’érosion. Nous avons ainsi accompagné les élèves sur la plage du Fogeo pour leur expliquer ce phénomène et les former au protocole OCLM déjà en place sur la zone. Ils ont par la suite effectué quatre relevés.
L’école Éric Tabarly avait pour objectif au cours de cette première année d’obtenir la labellisation Aire Marine Éducative et c’est chose faite ! A la fin de l’année scolaire, les élèves des deux classes et leurs enseignantes étaient réunis à la maison des associations d’Arzon pour présenter le livret qu’ils ont élaboré et recevoir le label AME des mains de Mme. Catherine LECLERC (4ème adjointe et Déléguée aux Associations, aux Animations, à l’Enfance, à la Jeunesse, aux Affaires scolaires et au Logement). Le maire d’Arzon, M. Roland TABART, les membres de l’équipe municipale, les différents partenaires du projet ainsi que les parents d’élèves ont vigoureusement félicités et applaudis les nouveaux labellisés.
L’OCLM tient à les féliciter de nouveau pour le travail accompli et pour ce beau livret que vous pouvez retrouver sur le site internet de la commune d’Arzon ainsi qu’une vidéo des enfants sur le terrain. L’Aire Marine Educative se poursuit en 2020.
Vendredi 14 février 2020, l’OCLM s’est réuni sur le site de Kerjouanno en présence d’une douzaine de personnes. Des représentants de la marie d’Arzon, des bénévoles de l’association RIEM intervenant sur différents sites OCLM, de futurs bénévoles, des représentants du CD56 et des membres du LGO se sont rencontrés dans le but d’exposer les résultats de l’année 2019 du site de Kerjouanno, sur place en présence des bénévoles. Le CD56 et le LGO ont rappelé la volonté de gestion « douce » du site, présenté les résultats obtenus en 2019 et répondu aux nombreuses questions des bénévoles impliqués.
Le site de Kerjouanno, bien qu’ayant présenté un bilan 2019 très positif, s’est trouvé fortement impacté par les tempêtes de janvier 2020. Certains ouvrages de protections ont été endommagés ou détruits. De ce fait, les prémices des futures actions de « rénovations » et de remise en place des différents ouvrages et secteurs de la plage ont été évoqués et expliqués.
La plage du Fogeo verra prochainement l’installation de la cinquième station CoastSnap dans le Morbihan. Elle sera placée à l’Est de la plage dans le secteur de Ker Mor, au niveau de l’escalier donnant accès sur l’Avenue de Kerlun. Cette station possèdera l’avantage d’être placée en hauteur, sur un des principaux axes de passage et donnera une vue complète sur la partie Ouest de la plage.
Si vous êtes amenés à vous rendre sur cette plage, nous vous invitons fortement à vous renseigner auprès de la signalétique et à nous transmettre des images. Vous voulez plus d’informations sur le procédé CoastSnap ? C’est par ici !
C’est ainsi que se termine la visite de la plage du Fogeo. En espérant que vous avez passé un bon moment lors de la lecture de cet article, nous vous invitons à poursuivre l’aventure à nos côtés pour les articles suivants ! Vous pouvez bien sur réagir, partager vos expériences ou poser une question via les réseaux sociaux et notre site internet. Nous vous invitons également à partager nos articles avec vos proches et autour de vous.
A très vite et n’oubliez pas, Restez prudents !
L’équipe de l’OCLM
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