Plage de la Mine d’Or

Plage de la Mine d’Or

 

  • Nom : Plage de la Mine d’Or
  • Commune : Pénestin
  • Longueur : 2000 m
  • Granulométrie moyenne : Sable moyen à fin
  • Haut de plage : Falaise en érosion haute d’une quinzaine de mètres, plus haute au Sud et plus basse au Nord. Arrière-falaise végétalisée, chemin de randonnée

 

[google_maps id= »4751″]

 

C’est sur la plage de la Mine d’Or que s’achève notre visite virtuelle des littoraux morbihannais. Il y a maintenant plus de trois mois, nous sommes partis de Guidel à l’extrême Ouest du département et avons longé la côte pour un total de 20 escales. Nous voici maintenant au point le plus à l’Est à la frontière de la Loire-Atlantique.

Vue aérienne de la plage de la Mine d’Or (Source : LGO 2020)

Cette plage longue de 2 kilomètres, site emblématique de la commune de Pénestin, attire chaque année des milliers de visiteurs. Ils viennent y admirer la couleur ocre de la falaise qui se vêtit d’orange lorsque le soleil plonge dans l’océan et y jette ses derniers rayons.

Falaise de la Mine d’Or et sa couleur ocre caractéristique (Source : LGO 2020)

La plage est entourée de deux pointes rocheuses : le Lomeur au Nord et la pointe du Maresclé au Sud. Un important affleurement rocheux est visible en face de l’entrée principale du site : il s’agit des Demoiselles. A marée haute deux imposants blocs s’élèvent au-dessus de la surface de l’eau et le Platier se découvre à marée basse.

 

Le Lomeur, pointe au Nord de la plage de la Mine d'Or (Source : LGO 2020)
Affleurement rocheux des Demoiselles face à l'entrée principale (Source : LGO 2020)
La pointe du Maresclé au Sud de la plage de la Mine d'Or (Source : LGO 2020)
previous arrow
next arrow
 

 

Un lieu occupé par les Hommes depuis des millénaires

La Plage de la Mine d’Or, originellement baptisée « Grande Côte » ou « Grande Côte Rouge » est occupée par les hommes depuis des milliers d’années.

En 1988, un biface est découvert sur la falaise. Cette trouvaille qui aurait pu passer inaperçue est en réalité capitale ! Elle témoigne de la présence du passage d’Hommes préhistoriques durant le Paléolithique. En effet, l’étude de cet outil de pierre, généralement taillé dans du silex, révèle que nos ancêtres ont occupé la falaise il y a plus de 300 000 ans. Le Paléolithique correspond à la plus ancienne période archéologique dans la chronologie établie pour l’extrémité de la péninsule eurasienne qui correspond aujourd’hui à la France. Le Paléolithique est composé de quatre parties : le paléolithique inférieur (-800 000 à -300 000 ans avant J-C.), le paléolithique moyen (-300 000 à -40 000), le paléolithique supérieur (-40 000 à -12 500), et l’épipaléolithique (-12 500 à -9 600). Pour plus d’informations, vous pouvez consulter la frise chronologique interactive des périodes archéologiques proposée par l’Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (INRAP) qui pourra vous être utile pour la suite de ce paragraphe.

Photographie d’un biface (Source : Musée National de Préhistoire)

La falaise de la mine d’or possède des traces d’occupation d’Hommes modernes, l’homo sapiens sapiens, qui datent du Néolithique, période archéologique qui s’étend de -6000 à -2200 ans avant J-C. En effet, on y retrouve des structures mégalithiques telles que des menhirs.

Dès l’âge de Bronze (-2200 à -800 ans avant J-C.), les importantes ressources en étain de la ville de Pénestin furent exploitées, notamment pour allier l’étain et le cuivre et ainsi créer le bronze. Plusieurs versions existent à ce sujet : certains écrits rapportent que les phéniciens en furent à l’origine, mais les recherches archéologiques tendent à monter que cette exploitation était en réalité locale. L’origine du nom « Pénestin » pourrait venir du breton « Pen Staen » qui se traduit en français par « la pointe de l’étain ».

Lors de l’Age de Fer (-800 à -52 avant J-C.), à l’époque gauloise, le sel ainsi que les coquillages furent exploités à Pénestin. Des vestiges de l’époque romaine (-52 avant J-C. à 284) tels que des pièces de monnaie furent retrouvés sur la Plage de la Mine d’Or.

Finalement, la Plage de la Mine d’Or tira son nom de l’exploitation minière dont elle fut le lieu après la découverte de paillettes d’or. Cette activité débutée au XVIIIème siècle dura peu et s’arrêta après la Première Guerre mondiale, et laissa place aux activités balnéaires et récréatives qui perdurent jusqu’à aujourd’hui.

 

Evolution de la plage de la Mine d'Or depuis 1952 (Source : IGN)
Carte de Cassini 1740, zoom sur Pénestin (Source : IGN)
previous arrow
next arrow
 

 

Un patrimoine géologique inestimable

La commune de Pénestin et plus particulièrement la plage de la Mine d’Or possèdent un patrimoine géologique incroyable, unique en France.

La roche qui constitue la falaise peut se diviser en deux grands ensembles distincts : à la base de la falaise, un premier ensemble est composé de micaschistes, c’est-à-dire de roches métamorphiques, nous y reviendrons un peu plus bas, et au-dessus, un second ensemble est composé de roches sédimentaires récentes peu consolidées.

Nature des roches de la Falaise de la Mine d’Or (Source : LGO et Géosciences Rennes)
  • Premier ensemble

Le premier ensemble, c’est-à-dire le plus profond, est composé de micaschistes formés il y a quelques 300 millions d’années lors de formation de la Chaîne Hercynienne, ou Chaîne Varisque. Cette chaîne de montagnes est à l’origine de plusieurs massifs aujourd’hui érodés tels que le Massif Central, le Massif des Vosges, le Massif Armoricain dont il est question à Pénestin, ou encore le Massif de Cornouaille en Grande-Bretagne. La Chaîne Hercynienne trouve son origine dans la collision de plaques tectoniques et est donc à l’origine de la formation de roches métamorphiques. Ce sont des roches dont l’état solide est modifié lors d’une variation conséquente des paramètres physico-chimique de leur environnement et en particulier des conditions de pression et de température. On parle de métamorphisme lorsqu’il en résulte une variation de texture, d’assemblage minéralogique ou de composition chimique de la roche à l’équilibre : on dit que la roche recristallise. Les métamorphismes interviennent dans la majorité des cas à des profondeurs importantes. Les micaschistes sont donc des roches métamorphiques et sont visibles à Pénestin grâce à l’érosion du massif armoricain.

Si la partie inférieure des micaschistes est saine, la partie supérieure est altérée sous forme de kaolins. Le kaolin est une roche argileuse que nous avons déjà abordée lors de l’article sur la plage qui en porte le nom en raison d’une exploitation toute proche en pays lorientais. Si vous souhaitez vous rafraichir la mémoire, c’est par ici : Plage des Kaolins.

La formation de kaolin sur la falaise de la mine d’or s’explique par la perméabilité des couches sédimentaires supérieure de celle-ci : lors des pluies, l’eau s’y infiltre et pénètre jusqu’aux micaschistes qui sont eux imperméables. Cette surface est alors lessivée par les eaux pluviales qui ne laisse en place que deux éléments chimiques : la silice et l’aluminium. Ceux-ci se combinent alors et forment les kaolins.

Fonctionnement hydrogéologique de la Falaise de la Mine d’Or (Source : LGO et Géosciences Rennes)

 

Les infiltrations d’eau de pluie sont également à l’origine de la couleur orangée de la falaise. Celle-ci contient naturellement du fer qui s’oxyde au contact répété de l’eau.

  • Second ensemble

Le second ensemble situé au-dessus du premier est composé de roches sédimentaires récentes peu consolidée : des sables, graviers et galets.

Trois parties distinctes sont discernables dans le second ensemble.

Premièrement, le contact entre les deux ensembles forme une surface d’érosion.

Deuxièmement, les sables, graviers et galets font parti d’un ensemble que l’on désigne par l’appellation « roches détritiques ». Ce terme désigne les roches sédimentaires composées d’au moins 50 % de débris. Il existe deux types de roches détritiques : les roches détritiques terrigènes, qui représentent une grande majorité (80 à 90 %) des roches détritiques, dont les débris proviennent de l’érosion de roches de nature différentes, et les roches détritiques biodétritiques ou biogéniques, dont les débris sont issus de squelettes d’organismes vivants.

A Pénestin, les roches détritiques proviennent des dépôts du lit de l’ancien fleuve qui passait par l’emplacement actuel de la falaise. Grâce à la taille de ces éléments et au degré d’arrondi, il est possible de remonter à la force et à la direction des courants ainsi qu’à la distance parcourue par les éléments.

Troisièmement, la partie sommitale de la falaise est composée d’une couche de Lœss. Ce terme désigne un dépôt de sédiment éolien lié à des vents violents dans les régions périglaciaires, c’est-à-dire les zones proches des régions glaciaires dont le climat est froid mais qui connaissent cependant un dégel estival des sols, comme c’est aujourd’hui le cas au Nord du Canada et dans certaines zones de Sibérie.

Un fleuve disparu

Les sables, graviers et galets qui constituent la couche supérieure de la falaise sont par endroits déposés sous formes de strates, c’est-à-dire un empilement de couches sédimentaires horizontales. Les strates sont des outils privilégiés par les géologues pour lire le passé « proche » sur environ le dernier million d’années.

La falaise de la Mine d’Or présente des litages obliques : ce sont un type de strates qui sont classiquement retrouvées dans les rivières, ce qui prouve qu’un fleuve passait autrefois à cet endroit. On parle de « paléovallée », ce sont des vallées fossiles qui étaient autrefois parcourue par des rivières qui n’existent plus aujourd’hui. Celles-ci sont rares à travers le monde et cela fait de Pénestin un espace géologique d’intérêt international. La paléovallée de la Mine d’Or est aujourd’hui comblée par des sédiments.

A gauche, les strates formées par les litages obliques à Pénestin. A droite, schéma de la formation d’une mégaride (Source : LGO et Géosciences Rennes)

Les litages obliques se forment au sein des dunes subaquatiques lorsque le courant déplace les éléments qui la composent : sable, graviers, galets, etc. Ces dunes aussi appelées mégarides se déplacent ainsi dans le sens du courant avec les éléments qui roulent sur le « dos » de la dune et finissent par tomber devant. La coupe longitudinale d’une mégaride présente donc une série de strates qui sont des litages obliques. Leur étude renseigne ainsi sur l’hydrodynamisme passé et notamment sur le sens des courants.

Ceux de la falaise de Pénestin révèlent deux choses : premièrement les sédiments des sables graviers et galets, et des Lœss (parties 1 et 2) indiquent un courant dirigé vers le Nord-Nord-Ouest et deuxièmement, la surface d’érosion (partie 3) montre que le courant était orienté vers le Sud-Ouest. Un changement important de la direction des anciens fleuves de la région s’est donc opéré à l’époque marquée par ce changement stratigraphique.

La paléovallée qui est lisible dans les falaises de Pénestin se prolonge en mer. En effet, des techniques de sismique réflexion ont montré que sous les dépôts sédimentaires récents, la nature des roches est identique à celle de la mine d’or. La sismique réflexion est une technique employée en géophysique pour obtenir des coupes de sous-sols. Elle est basée sur l’utilisation d’ondes émises par une source et captée par un géophone lors de ses différentes réflexions aux interfaces entre les différentes roches.

Le prolongement sous-marin de la paléovallée de Pénestin signifie que les fleuves y ont coulé lors de périodes de glaciations lors desquelles le niveau de la mer était bien plus bas. Le dernier en date remonte à 18 000 ans et le niveau de l’eau était alors 100 mètres plus bas et l’océan était reculé d’environ 100 kilomètres par rapport au Trait de côte actuel.

Les travaux de recherche sur la plage de la Mine d’Or ont permis de reconstituer l’évolution régionale du paysage et de montrer que le dernier fleuve à y avoir apporté des sédiments est la Loire, comme le montre le courant dirigé vers le Nord-Nord-Ouest traduit par les parties 1 et 2. La transition vers un second courant orienté vers le Sud-Ouest comme le montre la partie 3 marque donc la fin du passage de la Loire qui aurait regagné une configuration proche de celle que nous connaissons, et qui aurait laissé, à cette époque, place à la Vilaine.

Vallées fossiles submergées mises en évidences par sismique réflexion, ancien tracé de la Loire lors de la formation de la paléovallée de Pénestin (Source : LGO et Géosciences Rennes)

Si les curiosités géologiques de la falaise de la Mine d’Or vous intrigues, n’hésitez pas à jeter un œil en complément au PDF Histoire Géologique de la Falaise de la Mine d’Or proposé par l’Université de Rennes 1. Encore mieux, la commune de Pénestin propose des visites guidées et commentées du site en compagnie d’un géographe, idéal pour apprendre toutes les anecdotes avec une vue directe sur ce lieu d’exception.

Le Laboratoire Géosciences Océan de l’Université Bretagne Sud travail depuis de nombreuses années sur la plage et la falaise de la Mine d’Or et réalise de manière régulière des suivis divers en son sein. Vous pouvez par exemple en retrouver la modélisation 3D réalisée en 2018 grâce à des images prises par drone en cliquant ici.

C’est ainsi que se termine la visite de la plage de la Mine d’Or et par la même occasion la visite virtuelle des littoraux morbihannais d’Ouest en Est. Nous espérons que vous avez passé de bons moments en notre compagnie et appris des choses sur notre beau département. En espérant que vous avez passé un bon moment lors de la lecture de cet article, nous vous invitons à poursuivre l’aventure à nos côtés pour les articles suivants ! Vous pouvez bien sur réagir, partager vos expériences ou poser une question via les réseaux sociaux et notre site internet. Nous vous invitons également à partager nos articles avec vos proches et autour de vous.

A très vite et n’oubliez pas, Restez prudents !

L’équipe de l’OCLM